Enjeux et perspectives de l’enseignement universitaire
à distance en milieu carcéral
en collaboration avec la Direction de l'Administration Pénitentiaire

Présentation du « guide de la scolarité universitaire en milieu carcéral »

Laurence Havé, Responsable du Service Offre de Formation - Examens, Université Paul Valéry Montpellier 3
Patricia Cavallo, Responsable du Service des Usages Numériques, Université Paul Valéry Montpellier 3.

 

Intoduction par Anne Fraisse, Présidente de l’Université Paul Valéry Montpellier 3

L’Université de Montpellier 3 est arrivée à ce travail qui va vous être présenté par le biais de l’enseignement à distance que nous développons depuis longtemps et par l’IDEFI, l’Initiative d’Excellence en Formations Innovantes que nous avons remporté il y a deux ans et dont le thème était celui de la première marche que représente la première année universitaire et la difficulté à devenir et être un étudiant. Vous voyez qu’encore au lycée, petit à petit nous nous rapprochons de ce sujet autour de trois D : la détermination, comment on arrive à entrer dans l’enseignement universitaire ; la diversité, comment nous arrivons à nous adapter à un type de public différent et dans ce cadre nous avons l’action 13 concernant les étudiants empêchés ; la différence, comme par des procédés, des rythmes, des techniques différentes nous arrivons à répondre à toutes ces demandes.
C’est pour cette raison que le projet s’appelle UM3D, porté justement sur cette façon de devenir et d’aide à l’étudiant qui rejoint tout à fait, à partir de quelque chose de beaucoup plus spécial, le sujet qui nous occupe aujourd’hui et que cela répondait à ce qui est important dans l’université, non seulement notre nécessité de formation mais aussi, je pense, à une vision humaniste de ce que doivent être les études. Nous sommes une université de Lettres et Sciences Humaines et nous glorifions d’avoir cette démarche à la fois de culture et humaniste dans notre université.
Je laisse la parole à celles qui ont mené ce projet pour centraliser un petit peu ce qu’on faisait de façon un peu éparse, avec l’idée qu’il faut donner plus de rigueur, de technique et de simplification pour arriver à centraliser toutes nos forces en universités.


Patricia Cavallo : Laurence Havé, responsable du Service Offre de Formation et Examens au sein de la Direction des Etudes et de la Scolarité de l’université Paul Valéry de Montpellier et moi-même, Patricia Cavallo, responsable du service des Usages Numériques au sein de la Direction des Systèmes d’Informations et du Numérique, nous avons préparé une présentation interactive. Son objectif est de vous parler du Guide de la Scolarité que nous avons co-écrit avec les personnes du groupe Etudiants Empêchés de la FIED, en particulier Dominique Poincelot et Alain Boivin. Nous allons parcourir des chapitres du Guide qui vous a été remis à l’entrée et comme il s’agit d’un atelier, nous aimerions, si vous avez des questions, que vous interveniez au fur et à mesure de cette présentation pour que des échanges puissent naître. L’objectif de cet atelier est bien évidemment de présenter le dispositif mis en place à l’université Paul Valéry et de recueillir vos réactions. Je laisse la parole à madame Havé.
Laurence Havé : L’idée du Guide, madame la Présidente vous l’a présentée, elle le situe dans le cadre de l’IDEFI, mais c’est aussi par rapport à une anecdote qui m’est arrivée.
J’ai été responsable du service d’enseignement à distance de l’université et lors de ma première année, j’ai dû inscrire un étudiant détenu. Et là, grand blanc, je ne savais pas comment faire ! Je ne connaissais pas la procédure, je ne savais pas comment cela allait se passer. Nous avons réfléchi avec mes collaborateurs, nous avons regardé avec les enseignants et les personnes des usages du numérique ce que nous pouvions apporter. Nous avons donc effectué l’inscription et fait le suivi de cet étudiant comme nous avons pu.
A l’université Paul Valéry, nous mettons en place, chaque année, avec le service commun d’orientation et d’information, la journée portes ouvertes dans laquelle le service d’enseignement à distance est représenté. En tant que responsable de ce service, j’y participais. A cette occasion, un monsieur d’un certain âge me dit « Bonjour, je voudrais rencontrer madame Havé ».Je me présente et il poursuit « Je voulais vous remercier, je suis XXX », c’était cet étudiant détenu que j’avais inscrit et qui venait me remercier simplement parce que je lui avais envoyé sa carte d’étudiant. J’avais considéré qu’avant tout, c’était un étudiant, et je n’avais pas regardé son autre côté. Il m’a dit « Grâce à vous je me suis accroché, j’ai voulu travailler, j’ai passé mes épreuves et maintenant que je suis libéré, je viens vous dire que je ne vous quitte pas, service d’enseignement à distance parce que je n’aime pas l’EAD, mais parce que j’ai besoin d’avoir à nouveau du social. Je viens donc chez vous pour me réinscrire en présentiel et je tenais à vous remercier. »
Je vous en parle et j’en ai encore des frissons, car c’est quelque chose qui m’a énormément touchée. Je crois que le déclic vient de là car je me suis dit, qu’il faut faire quelque chose pour ce public. Nous sommes un service d’enseignement à distance, nous sommes là pour des publics bien précis, des gens qui travaillent, sont éloignés géographiquement, des étudiant non connectés. A partir de là, la réflexion a été menée et avons élaboré ce guide que nous allons vous présenter.
La première chose importante, dont nous nous sommes rendu compte dans notre expérimentation, concerne les personnes référentes. Le système ne peut fonctionner que s’il y a une démarche collaborative entre deux personnes : le Responsable Local d’Enseignement et le référent établissement (cette dénomination a été choisie par le groupe de travail Etudiants Empêchés). Ce référent établissement est essentiel, car c’est lui qui va permettre de donner les clés et les informations dont le RLE aura besoin pour prendre, en quelque sorte, son rôle administratif. C’est bien le RLE qui est l’interlocuteur, en aucune façon l’étudiant. Il faut donc lui donner toutes les clés pour qu’il puisse travailler : clés pour les questions administratives, clés pour les questions pédagogiques, de suivi et clés pour les examens.
Pour nous, ce sont les deux personnes essentielles qui doivent être en démarche collaborative pour que cela puisse fonctionner.
Dans le Guide, vous avez, en page centrale, un schéma qui est un récapitulatif de toutes les étapes de la candidature jusqu’au résultat de l’examen.

La candidature :
Elle concerne les premières demandes de la Licence première année au Master 2ainsi que les changements d’orientation. Notre guide est national et chaque université conserve ses propres méthodes de candidature et de procédure. Il est très difficile sur un guide d’indiquer que telle université a telle procédure. C’est le rôle du référent établissement d’expliquer au RLE la procédure de candidature souhaitable dans son université.


La recherche d’information peut s’effectuer entre RLE et référent.
Nous avons ensuite un examen du dossier, puisque toute candidature est soumise à une commission pédagogique de la discipline que l’étudiant souhaite.
Cette commission pédagogique étudie le dossier et émet un avis, favorable ou défavorable. Il appartient au référent établissement de l’intégrer et de le transmettre au RLE afin qu’il puisse transmettre la réponse à l’étudiant.
Vous pouvez lire « Admission Post Bac », c’est un outil national qui ne prend pas en compte l’enseignement à distance, car c’est une modalité pédagogique. L’université délivre des diplômes et n’en précise pas les modalités.
Pour vous donner un exemple, à l’université Paul Valéry, nous faisons passer nos demandes de néo-bacheliers par le logiciel de candidatures que nous avons adopté et non par APB qui n’est pas ouvert pour l’EAD

J’ai voulu vous indiquer un récapitulatif des pièces obligatoires nécessaires au dépôt du dossier de candidatures.

Sans ces pièces, le dossier ne pourra être visé par la commission pédagogique.
Certaines pièces sont très difficiles à obtenir. Dans ce cas, il y a toujours possibilité que le RLE échange avec le référent établissement qui peut toujours se coordonner avec la commission pédagogique pour voir s’il s’agit d’une pièce essentielle du dossier.

C’est vrai que les traductions de diplômes pour les étudiants étrangers ou la lettre de motivation, le curriculum vitae et la copie de tous les résultats sont essentiels, car nous sommes en plein dans le champ pédagogique.

L’inscription administrative.

C’est une démarche obligatoire pour obtenir le statut étudiant. Chaque université a sa propre procédure concernant son dossier d’inscription qui peut être en ligne, sur papier… Le RLE devra remplir ce dossier d’inscription, l’envoyer par courrier. Il pourra voir les modalités avec le référent établissement ce qui montre bien que le lien entre ces deux acteurs est essentiel.
Le certificat de scolarité et la carte d’étudiant entrent dans une dimension sociale et humaine. L’étudiant les attend avec impatience. A l’université Paul Valéry, les dossiers d’inscription, quand ils ont envoyés, souvent une semaine plus tard, le RLE envoie des messages demandant où en sont les cartes d’étudiants et les certificats de scolarité. Les étudiants n’en ont pas besoin, mais cela leur donne une autre dimension : j’ai le statut d’étudiant, je suis inscrit dans une université.

Cette transmission est le travail du référent établissement.

Patricia Cavallo: L’environnement numérique.
L’inscription administrative à l’université ouvre droit à tout étudiant d’avoir un compte de messagerie et un compte qui lui permette d’accéder aux services numériques de l’université.
Le cas est un peu particulier puisque nous avons considéré que le RLE était garant de l’activation de ce compte puisqu’il lui permettra de télécharger le certificat de scolarité de l’étudiant, le cas échéant de consulter les résultats. Dire que le RLE est garant de l’activation du compte dépend de la possibilité d’accès à Internet dans le contexte de l’établissement.

Laurence Havé: Simplification des procédures.
Pour essayer de simplifier les procédures administratives qui sont lourdes, je rappelle que tout étudiant doit faire son dossier de candidature. Une fois celui-ci réalisé et accepté, il doit procéder à son inscription. Souvent, on voit qu’entre les pièces demandées à la candidature et celles demandées à l’inscription, bien souvent il y a des répétitions.
Nous savons que les pièces fournies lors de la candidature ont déjà été données une première fois il appartient donc au référent établissement de les recentrer sur le dossier d’inscription. Finalement, le RLE complète ce dossier, sans avoir à fournir deux fois les mêmes pièces.

Question : Dephine Heude
Comment fait un détenu pour transmettre des photos d’identités ? Peut-être pour fournir d’autres documents ? Vous arrive-t-il d’avoir de ce fait des dossiers incomplets ?
Jean-René Gauvreau : Je peux donner une réponse en tant que RLE. Normalement, chaque détenu a la possibilité de faire une cantine de photos d’identité à l’intérieur de la prison. Ces photos ne peuvent pas lui être remises, car il y a interdiction d’avoir des photos d’identité sur lui. Le RLE doit donc les récupérer à l’aide du CPIP, (conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation). Les photos sont par paquets de 8 et généralement les autres photos sont remises à la fouille de la personne détenue.
Laurence Havé: Ce que je peux dire, en tant que référente établissement à Paul Valéry, c’est que depuis 4 ou 5 ans que nous inscrivons des étudiants incarcérés, nous avons toujours eu la photo pour permettre de transmettre la carte d’étudiant. Je n’ai jamais été confrontée au dossier sans photo.
Karine Marot : Nous avons été confrontés au problème des photos, à l’université de Marne la Vallée, car la convention nous oblige à remettre des cartes d’étudiant. Cela a été compliqué, nous avons obtenu les photos au compte-gouttes, très tard. Beaucoup de détenus ont beaucoup protesté.
Nous avons fabriqué des dossiers d’inscription spécifiques et ne demandons jamais de photos aux étudiants s’inscrivant au DAEU. Nous ne donnons la carte d’étudiant que lorsque l’étudiant est sorti, et sur sa demande.
Laurence Havé : Dans notre université, nous avons fait le choix de garder les mêmes documents que pour n’importe quel autre étudiant. Nous n’avons pas voulu marquer dessus « étudiant incarcéré » ou « étudiant détenu ». Nous avons vraiment le même dossier qui est transmis au RLE, que ce soit pour la candidature ou l’inscription. Le seul problème rencontré concerne le numéro de sécurité sociale
de la carte d’assurance maladie. . Dans Apogée, notre système de gestion des étudiants, nous avons pu délivrer un numéro de sécurité sociale provisoire et le RLE a effectué une demande auprès de la CPAM dont dépendait le détenu, afin de faire une demande pour récupérer son numéro de sécurité sociale.

Laurence Havé: L’inscription pédagogique
C’est la démarche qui est obligatoire et annuelle pour l’inscription aux enseignements et aux examens. C’est le contrat pédagogique qui lie l’étudiant et l’université afin qu’il puisse passer ses épreuves. Il est important, car le service en charge des ressources numériques doit savoir comment il doit adapter les ressources, pour lui adresser les cours. Le contrat pédagogique de l’étudiant est récupéré par le référent établissement, puis transmis à l’étudiant par l’intermédiaire du RLE.

On transmet également au RLE le calendrier universitaire, ce qui est important car sont indiquées les périodes d’examen. Cela permet au RLE de prévoir un planning et de savoir qu’à telle ou telle période il y aura des examens pour l’étudiant incarcéré et, en cas d’impossibilité dans ces périodes, de prévenir assez tôt le référent établissement afin d’envisager des solutions.
Il y a deux ans, nous avons eu cette situation où un étudiant détenu ne pouvait pas passer ses épreuves d’examen pendant la période inscrite au calendrier et nous avons pu, en accord avec la direction de l’établissement, reporter d’une semaine ses épreuves. Il a donc passé ses épreuves en décalé car dans le cas particulier des étudiants incarcérés, il n’y a pas de problème de sortie de sujet.
Il est donc important d’envoyer au RLE le calendrier universitaire, pour qu’il mette en place son année avec son étudiant.
Patricia Cavallo, Le questionnaire « Usages Numériques ».
Nous n’avions pas ce questionnaire les années précédentes. Nous nous sommes rendu compte que dans chaque établissement pénitentiaire, les conditions d’apprentissage sont différentes, ce qui nous a donné l’idée d’élaborer ce questionnaire envoyé au RLE dès que l’inscription pédagogique est effectuée.
Il a pour objectif de prendre connaissance des conditions d’apprentissage, à la fois matérielles et en terme de temps consacré à l’apprentissage de l’étudiant. Il figure en annexe du Guide de la Scolarité. Il contient des éléments concernant les supports acceptés dans l’établissement. En effet, certains établissements acceptent des supports papier ou des documents PDF téléchargeables, d’autres acceptent des CD-ROM, aucun n’accepte des clés USB et la rubrique « autres » pourrait concerner par exemple des supports pédagogiques contenus dans des liseuses, des tablettes.
Autre question abordées : L’accès à une salle multimédia est-il possible ? Pendant quelle durée hebdomadaire ? A-t-il cantiné ? Dispose-t-il d’un ordinateur en cellule ?
Derrière ces questions l’objectif recherché est de savoir si, dans le cadre de l’enseignement, au-delà des supports pédagogiques, l’étudiant incarcéré peut prendre connaissance de fichiers audio ou vidéo, ou utiliser, dans le cadre de l’auto-évaluation des QCM, permettant un retour immédiat à ses réponses.
La seconde page envisage les interactions : en terme de soutien méthodologique à l’étudiant ; de transmission de ses questions aux enseignants par l’intermédiaire du RLE (par téléphone, messagerie ; via la plateforme pédagogique) ; d’envoi de ses devoirs (dans le cadre de l’auto-évaluation, certains enseignants demandent de produire des documents pour correction).
Nous sommes allés aussi plus loin, en demandant s’il y a possibilité d’organiser une visio-conférence. Nous imaginions, si l’établissement disposait d’un tel matériel, regrouper plusieurs étudiants inscrits dans un même parcours, afin de construire, non pas sur le modèle de l’université de Marne-la-Vallée, un dispositif de classe inversée, mais pouvoir permettre aux étudiants de poser leurs questions directement à l’enseignant.
Sont encore abordées les modalités d’évaluation et des informations complémentaires concernant cette reprise d’études.


Cette année, les RLE ont bien joué le jeu et ont retourné les questionnaires « Usages Numériques » ce qui nous a beaucoup aidé, en particulier dans la préparation de ressources numériques.

Questions/réponses :
Antoine Rauzy : C’est anecdotique, mais à propos des examens, l’expérience que nous avons eue, à l’UPMC, concernait les emplois du temps. Il fallait que l’étudiant soit libre au moment des repas et celui-ci était situé pendant la plage d’examen.
Laurence Havé : Ce que nous avons décidé à l’université Paul Valéry découle du principe de la seconde évaluation des examens. Dans la première évaluation sont concernés le premier et le second semestre, l’étudiant désireux d'améliorer ses notes peut se présenter à la seconde évaluation.
Les examens peuvent se dérouler de 8h à 21h. Il y a une demi-heure de pause entre chaque épreuve et nous essayons de garder une heure pour la pause méridienne qui se situe entre 11h30 et 13h30.
Lorsqu’est établi le calendrier des examens, j’effectue une convocation manuelle en fonction des durées et des horaires des épreuves écrites. Je l’envoie au RLE et lui demande s’il peut l’organiser pour son étudiant aux jours et heures indiqués dans ce calendrier. S’il ne le peut pas, je lui laisse la possibilité d’adapter ce calendrier, de manière à ce qu’il puisse organiser les épreuves dans la semaine.
Dans 90% des cas, une adaptation est nécessaire et souvent, deux ou trois jours supplémentaires sont ajoutés à la période d’examen pour ces étudiants.
Véronique Dejardin (CNAM) : Pour nous, au CNAM, se pose le problème du sujet unique, pour la France, la métropole, l’étranger. La date reste impérative, nous ne changeons pas le jour de l’épreuve. Quant aux horaires de repas, nous acceptons de décaler avant ou après puisqu’il n’y a pas de problème de fuite des sujets.
Laurence Havé : Nous sommes un peu plus large mais j’aborderai plus tard l’organisation des épreuves mises en place avec le RLE. Tout ce que je vous indique découle de notre expérimentation à l’Université Paul Valéry. Nous savons que cela fonctionne parce que nous avons une démarche collaborative entre le Responsable Local d’Enseignement et le référent établissement. Cela bien sûr peut être modifié, ajusté, perfectible… Cette procédure a été expérimentée et fonctionne depuis près de 4 ans et nous n’avons jamais connu de souci majeur.

Patricia Cavallo, Les ressources pédagogiques.
Je n’irai pas très loin sur ce point car nous aurons un second atelier spécifique à ce point. Nous prenons en compte le contrat pédagogique, les résultats du questionnaire « Usages Numériques », et nous essayons, dans la mesure du possible, d’adapter nos ressources aux conditions matérielles de l’étudiant (avec ou sans ordinateur, temps d’apprentissage, supports autorisés…)
Pour les supports, nous avons une plateforme pédagogique Moodle et nous avons envisagé d’utiliser la version mobile de Moodle, de manière à ce que l’étudiant puisse se trouver dans un environnement d’apprentissage identique à celui qu’ont les étudiants en EAD, connectés à Internet.
Or, Moodle en version mobile, peut très bien fonctionner sur une clé USB, mais ne le peut pas sur un CD-ROM car, lorsque l’étudiant lance l’application, elle génère des fichiers temporaires ce qui est impossible sur un CD-ROM. Cela nous a conduits à abandonner cette solution. Nous demandons quand même dans le questionnaire si l’utilisation d’une clé USB est possible, car cela permettrait d’intégrer un environnement d’apprentissage.
Pour la transmission des ressources, nous sommes le Service des Usages Numériques, nous accompagnons les enseignants à l’adaptation des ressources. Nous les transférons au référent établissement qui, lui-même, se charge de les transmettre au RLE.
Nous nous interrogeons sur la possibilité de mettre en place un espace numérique dédié au RLE.
Dans une intervention, ce matin, monsieur Gauvreau disait qu’effectivement le RLE n’avait plus accès à Internet à partir de son poste et que cela reposait sur son investissement bénévole à télécharger des ressources depuis son domicile.
Avec un des établissements pénitentiaires, nous avons expérimenté l’ouverture d’un espace numérique sur la plateforme pédagogique connectée à Internet, dans lequel les ressources ont été déposées. De cette manière, le RLE pouvait télécharger, au fur et à mesure de l’apprentissage de l’étudiant, les ressources correspondantes. Nous n’avons effectué qu’une seule expérimentation en la matière.
Le RLE pouvait également interagir sur la plateforme, poser des questions sur le forum, etc.
Par rapport à l’envoi d’un CD-ROM, l’avantage, si un enseignant actualise son cours, dépose une ressource, réside dans le fait que nous pouvons envoyer une alerte au RLE afin de l’informer et nous avons un effet beaucoup plus dynamique. Sinon il faudrait créer un nouveau CD-ROM, l’envoyer, etc. ce qui induit une démarche beaucoup plus complexe.
Questions/réponses :
Alexandre Lorio (Université de Caen Basse Normandie) : J’ai une question concernant la création d’un espace unique pour les RLE. Dans le cadre de l’Université de Rouen, nous inscrivons directement les RLE dans l’espace de cours, avec les étudiants inscrits au cursus à distance.
Pourquoi avoir choisi un espace particulier ?
Patricia Cavallo : Parce que nous avons adapté les ressources. Je dirais que chaque enseignant prend en main son espace de cours, décide ou non d’y faire figurer ses objectifs, le temps moyen d’apprentissage. Ce sont des informations qui ne figurent pas obligatoirement dans tous les espaces de cours, alors que nous veillons à ce que cela figure pour les étudiants incarcérés. Cet espace numérique nous permet aussi d’interagir avec le RLE en l’absence d’étudiants.
Participante : Pourrez-vous nous expliquer, en ce qui concerne les ressources, si ce sont les mêmes pour les étudiants en présentiel ou EAD classique par rapport à ce que vient d’évoquer mon collègue ?
Participant : La clé USB dont vous parlez, est-ce une clé dédiée à un étudiant ?
Laurence Havé : Sur cette clé USB, on pourrait envisager d’installer un Moodle mobile avec tous les cours destinés à l’étudiant, bien entendu sans aucune connexion Internet.
Participant : Il y a une circulaire signée d’un directeur de l’administration pénitentiaire en 2010 qui autorise l’utilisation de clés USB par les enseignants. Les enseignants sont les seuls acteurs du milieu pénitentiaire en détention qui ont cette possibilité.
En revanche, ce que vous nous décrivez semble assez complexe, car il me semble que cela poserait un problème plus que technique.
Patricia Cavallo : Vous voulez dire un problème de sécurité ?
Participant : Un problème de sécurité, surtout de sécurité informatique car nous n’avons pas eu le temps de l’aborder ce matin, mais la question de la sécurité informatique à l’intérieur des établissements pénitentiaires ne se limite pas à la problématique d’empêcher de détenu de communiquer avec un autre, mais porte sur des questions de sécurisation informatique du réseau de la pénitentiaire qui, comme tous les réseaux institutionnels, est un réseau extrêmement sensible, pour lequel il y a des règles de sécurité rigoureuses, avec un niveau d’exigences peut être supérieur à celui d’autres administrations.
Patricia Cavallo : En fait, nous nous étions posé cette question d’un point purement pédagogique pour reconstituer l’environnement d’apprentissage.


Laurence Havé,
Le suivi pédagogique de l’étudiant.
Nous avons essayé de mettre en place un outil pour assurer le suivi pédagogique de l’étudiant, puisque les étudiants incarcérés ne peuvent avoir accès aux forums ou à la messagerie comme les étudiants classiques en EAD. Il s’agit d’un outil « papier » qui va permettre une communication asynchrone : la « fiche navette ».

Dans sa partie gauche, c’est l’étudiant qui indique ECUE par ECUE (Eléments constitutifs d'unités d'enseignement), ses questions pédagogiques. Il le transmet au RLE qui envoie au référent établissement cette fiche navette afin qu’il apporte une réponse. La réponse est envoyée au RLR qui la transmet à l’étudiant.
Il s’agit de la seule méthode de communication que nous avons pu trouver entre l’étudiant et l’enseignant.
Nous l’avons testée et nous nous sommes rendu compte qu’il y a des questions qui ressortent, notamment en ce qui concerne la gestion du temps de travail et la méthodologie. Ce sont en définitive les mêmes questions que pose à un étudiant en EAD classique.
Cette fiche navette leur permet quand même d’avoir ce lien entre l’enseignant et l’apprenant. Nous envoyons cette fiche navette au deux semestres.

Les examens et les résultats.
Les examens sont soumis aux modalités du contrôle des connaissances adoptées chaque année en conseil des études. Nous avons du contrôle continu, du contrôle terminal ainsi que des oraux.
En milieu carcéral, le contrôle continu et le contrôle terminal sont envisageables, la difficulté tient aux oraux.
En tant que responsable des examens, pour un étudiant incarcéré, je prends les modalités de contrôle des connaissances qui ont été adoptées et je regarde si elles sont compatibles avec le milieu carcéral.
Si ce n’est pas le cas, au cas où ce soient des oraux par exemple ou un dossier à fournir avec soutenance à l’oral, je rencontre l’enseignant responsable du cours et cherche à trouver les modalités adaptées au contexte carcéral. Souvent l’oral est transposé en un exposé ou sous forme d’une ou deux questions. Si nous avons plus de la moitié de la formation pour laquelle les modalités de contrôle des connaissances doivent être adaptées, j’effectue une demande auprès de la Vice-Présidente du Conseil des Etudes l’université afin de savoir si je peux effectuer ce changement. Il est très rare d’avoir à demander un changement de modalités au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire pour les étudiants en milieu carcéral. Nous avons une majorité d’examens écrits terminaux.
L’organisation des épreuves est importante. J’envoie au RLE la convocation, le calendrier des examens et aussi les copies vierges, le brouillon, les sujets cachetés comme je le fais pour une centre d’examen quelconque.
Le RLE est responsable de l’examen au sein de l’univers carcéral, il l’organise. Nous fournissons une enveloppe d’expédition rapide pour que les copies nous soient remises rapidement afin qu’elles soient transmises aux enseignants pour correction et que les notes soient transmises rapidement à l’étudiant. Ceci afin de savoir si l’étudiant souhaite passer la seconde évaluation.

Le retour des ressources pédagogiques.
Certains enseignants ont demandé à ce que les ressources pédagogiques soient retournées à l’Université Paul Valéry. Nous avons travaillé en collaboration avec le service juridique et avons produit un document engageant le RLE à nous retourner la ressource pédagogique, CD-ROM, DVD-ROM, à la fin des examens. Une fois encore, c’est une démarche collaborative entre le référent établissement et le RLE qui sont les deux acteurs essentiels au fonctionnement du système.


Patricia Cavallo : Votre retour est important pour nous, par rapport à ce que nous vous avons présenté. Si vous avez des remarques concernant le contenu du Guide, sur le questionnaire que nous faisons parvenir à l’établissement carcéral. Nous nous interrogeons également sur l’évaluation de la satisfaction des acteurs : les enseignants, le RLE ainsi que l’étudiant, surtout en ce qui concerne les ressources et la façon de les utiliser. Si vous avez des retours d’expérience, nous sommes bien sûr preneurs afin que nous avancions tous dans la même direction.
Dominique Poincelot :
Vous avez toutes les coordonnées sur le Guide et le site de la FIED. Nous sommes preneurs, pour le groupe de travail, de vos retours.

 

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FIED - Alain Boivin